La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, s’exprimant au nom des États membres, se sont entretenus pendant près de deux heures lundi matin (heure de Bruxelles) avec le Premier ministre chinois Li Keqiang. Une discussion est également prévue à 14h. (12h00 GMT) avec le président Xi Jinping. “Sur l’Ukraine, Li Keqiang a déclaré que la Chine s’oppose à la fois à la guerre chaude et à la guerre froide, aux divisions de blocs et refuse de prendre position”, a écrit Wang Lutong, le chef de l’agence, sur Twitter. Europe au ministère chinois des Affaires étrangères. Les responsables chinois et européens “ont convenu de travailler ensemble pour maintenir la paix, la stabilité et la prospérité dans le monde” et de “mener un dialogue sur l’énergie et la sécurité alimentaire”, a ajouté M. Wang. Pour l’UE, le sommet vise principalement à exhorter la Chine à ne pas être trop active dans le soutien à la Russie. “En particulier, il est important de savoir si la Chine utilise son influence pour établir une trêve, des couloirs humanitaires, ou “aide Moscou à contourner” les sanctions en stimulant ses marchés des hydrocarbures ou via sa situation d’aide financière”, a-t-il déclaré. officiel européen jeudi. Pékin refuse de condamner l’invasion de l’Ukraine et s’est félicité début mars d’une amitié “stable” avec Moscou, défendant les inquiétudes “raisonnables” de la Russie quant à sa sécurité.
– “Calcul stratégique” – “Les Européens chercheront à influencer les calculs stratégiques des dirigeants chinois, notant les coûts financiers qu’ils supporteront en cas de soutien spécifique à la Russie”, a déclaré Gregor Steck, de l’Institut allemand Merics. Le président chinois Xi Jinping en vidéo à Pékin le 11 mars 2022 (AFP/NOEL CELIS) “Les réactions confuses de la Chine sont une façon d’être du côté russe sans en payer le prix. Sans pression accrue, cela apportera plus d’aide à Poutine”, craint l’eurodéputé vert allemand Reinhard Butikofer. Mais l’UE est captive de sa forte interdépendance avec Pékin : elle absorbe 15 % des exportations du géant asiatique, qui lui fournit des produits transformés et des composants critiques. La Chine représente 10 % des exportations de Twenty-Seven, un marché clé pour les constructeurs européens, notamment allemands. L’UE et la Chine ont signé un accord d’investissement ambitieux fin 2020, à la demande pressante de Berlin. Cependant, sa ratification est gelée aujourd’hui en raison des sanctions de l’UE visant à punir le recours au travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang et des contre-ratifications de Pékin contre les eurodéputés et les chercheurs. A cela s’ajoute le conflit autour du blocus des importations chinoises en provenance de Lituanie suite à l’ouverture d’une délégation taïwanaise dans ce pays. Désormais, “le risque est que +la Chine sur-vende+sa neutralité pour faire des concessions, comme la reprise des négociations sur l’accord d’investissement”, prévient Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique.
– “Illusion” – Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Pékin, a réaffirmé l’amitié “illimitée” des deux pays avec les Etats-Unis au nom d’un nouvel “ordre mondial multipolaire”: une vision nourrie par une inquiétude “d’émergence autoritaire” bloc contre l’Occident. “L’idée d’une sécession de la Chine vis-à-vis de la Russie est trompeuse : lorsque la guerre en Ukraine prendra fin, les Etats-Unis se focaliseront principalement, et non de manière amicale, sur la Chine, qui a donc intérêt à maintenir sa coopération avec son voisin, juge Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France à Moscou et Pékin. Et pour rappeler que la Chine n’est pas isolée, de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil…) se refusent également à critiquer Moscou. Pour Pékin, les Européens se laissent entraîner dans un conflit fomenté par Washington qui révèle les vulnérabilités de l’Occident. Extrêmement dépendante du gaz russe, “l’Europe a peut-être reçu une balle dans le pied des sanctions américaines”, prévient jeudi le nationaliste Global Times. Le journal a rejeté tout lien entre les relations UE-Chine et la crise entre les Européens et Moscou qui a émergé de la guerre en Ukraine, deux questions sur l’autre “inextricablement liées”, selon le responsable européen.