Correspondant à Jérusalem, C’est la plus grande vague terroriste en Israël depuis vingt ans. Un homme armé a ouvert le feu dans une rue de Bnei Brack, une ville pro-orthodoxe au nord de Tel-Aviv, mardi 29 mars. Après l’attentat de Beer Sheva (4 morts), à Khandera (2 gardes-frontières sont tués dont un franco-israélien), un troisième attentat ensanglante le pays à l’intérieur de ses frontières en une semaine. Selon une première estimation, au moins cinq personnes ont perdu la vie. Le gouvernement et les forces de sécurité craignaient ce scénario d’escalade, mais les services de renseignement semblent avoir été pris de court par les menaces multiformes. Lire aussi Attentat de l’État islamique contre Israël : deux policiers tués, dont un franco-israélien, cinq arrêtés Le premier attentat a été mené par un Arabe israélien qui avait tenté de rejoindre les rangs de l’État islamique (EI) il y a quelques années, le second, mené méthodiquement par deux habitants d’une ville arabe, a revendiqué Daech. Le troisième brouille les traces d’un terrorisme purement interne, sous l’emprise de l’EI. L’auteur de ce nouveau meurtre est, selon la police, un Palestinien de la région de Jénine en Cisjordanie, fief de la mouvance islamiste.
Un tueur à froid
Dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, le tueur aux cheveux courts semble déterminé. Des images de la scène le montrent entrant dans un dépanneur et tirant sur un jeune homme, qui semble s’échapper vers un bâtiment voisin. Le tireur a ensuite pointé son fusil sur une autre personne à bicyclette, mais a manqué. Calmement cible, cible et tire sur un automobiliste. Tourné sur place. Le policier qui l’a neutralisé est mort dans l’échange de tirs. Lire aussi La police israélienne tire sur un Palestinien qui a poignardé un Israélien L’agresseur aurait été arrêté en 2013 pour atteinte à la sécurité et aurait purgé une peine de six mois de prison. Selon la presse locale, il était en Israël illégalement. Les enquêteurs recherchent d’éventuels complices. Les attaques surviennent à un moment où les réunions internationales s’intensifient pour tenter de désamorcer les tensions à l’approche du Ramadan, le mois de jeûne musulman qui doit commencer en fin de semaine. L’année dernière, des affrontements entre les forces israéliennes et des manifestants palestiniens pendant le Ramadan à Jérusalem, y compris le groupe Al-Masjid, ont conduit à une guerre meurtrière de 11 jours entre le Hamas au pouvoir à Gaza et l’armée israélienne. Dans un communiqué, le Premier ministre Naftali Bennett a promis de “réagir d’une main de fer” et devait réunir ce soir de hauts responsables de la sécurité. Le président palestinien Mahmoud Abbas a publié une rare condamnation de l’attaque. “Le meurtre de civils palestiniens et israéliens ne fait qu’exacerber la situation alors que nous nous efforçons tous d’atteindre la stabilité”, a-t-il déclaré, cité par l’agence de presse officielle palestinienne Wafa. Dans la soirée, Emanuel Macron a condamné les attentats “avec la plus grande détermination”, rejoignant Berlin, qui appelait plus tôt à “éviter une spirale de violence pendant les fêtes à venir pour les juifs, les musulmans et les chrétiens”. “Nous condamnons fermement l’attaque terroriste d’aujourd’hui à Bnei Brak, en Israël… Cette violence est inacceptable. « Les Israéliens, comme tous les peuples du monde, doivent pouvoir vivre en paix et sans peur », a déclaré mardi soir le secrétaire d’État Anthony Blinken dans un communiqué. “De tels actes de violence ne peuvent jamais être justifiés et doivent être condamnés par tous”, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, selon un communiqué publié par son porte-parole.