Première question soulevée par les enquêteurs : pourquoi personne n’a-t-il vu l’attentat qui a eu lieu ce mercredi 2 mars ? Il y avait deux caméras de vidéosurveillance dans le gymnase. Cependant, aucun des deux officiers chargés de montrer la vidéo n’a vu l’attaque en cours, selon le rapport.

“La mort d’Yvan Colonna dans ces circonstances a ravivé la vigueur de ce courant” nationaliste, selon un historien Le gérant de la maison principale d’Arles propose plusieurs explications. Sur les plus de 280 caméras installées dans toute la prison, seule une partie est apparue sur les écrans des gardiens mais pas dans le gymnase. L’autre explication réside dans une opération de maintenance, qui a eu lieu ce jour-là. Et ce projet a nécessité, selon le réalisateur, de déconnecter tous les écrans pendant quelques minutes. Toujours à propos de la présence physique des surveillants sur le terrain encore une fois personne n’a rien vu. Cependant, deux surveillants faisaient le tour de la zone, mais pas spécifiquement autour du centre sportif, entre 10 h 10 et et 10h25 au moment de l’attaque. Yvan Colonna et son agresseur étaient donc seuls dans la pièce, porte fermée, selon les premières données de l’enquête. Devant les députés de la commission des lois, le directeur de l’administration pénitentiaire avait pourtant confirmé le contraire. Le huis clos pourrait expliquer pourquoi les surveillants ont tardé à intervenir. Sauf que d’autres détenus, présents dans la pièce voisine, ont naturellement entendu Yvan Colonna crier. L’un d’eux raconte aux enquêteurs qu’il l’a pris pour “des pleurs fous, comme c’est souvent le cas en prison”, a-t-il précisé. Il n’a pas donné l’alerte. Yvan Colonna et son agresseur étaient donc seuls. Cependant, ils étaient tous les deux des détenus très notoires, avec le statut “DPS”. Mais Franck Elong Abé, l’agresseur d’Yvan Colonna, était un soi-disant “auxi”, c’est-à-dire un détenu qui est autorisé à travailler en prison et peut donc se déplacer plus librement. Compte tenu de son profil de “vétéran” du jihad en Afghanistan et de son parcours carcéral chaotique – notamment la prise en otage d’une infirmière à la prison de Sequedin Nord – le fait qu’il ait acquis ce statut est évidemment discutable. A son arrivée à Arles, Franck Elong Abé avait fait preuve d’un “comportement convenable”, assure l’administration pénitentiaire. Jusqu’à cette attaque, justifiée selon le détenu, par le blasphème d’Yvan Colonna, les deux détenus entretenaient une relation cordiale. Ils ont même joué aux échecs et fait du sport ensemble. Selon l’administration pénitentiaire, aucune information ne pouvait donc indiquer qu’un tel acte avait eu lieu.