Dès le premier paragraphe de cette note que franceinfo a pu consulter, l’administration préfectorale réclame “des contrôles renforcés sur les lieux dits de rodéo pour contribuer aux objectifs fixés par les autorités gouvernementales”. La préfecture donne même des objectifs quantifiés à ses troupes, puisque chaque département francilien doit réaliser un nombre minimum de contrôles chaque jour : 32 à Paris, 8 dans les Hauts-de-Seine ou 14 en Seine-Saint-Denis. Le mémo est suivi d’une liste des lieux de rodéo connus de la ville. Mais c’est surtout dans la rubrique “missions” que la note agace. La multiplication des contrôles “hautement visibles” d’une heure s’impose pour “prévenir” et détecter “sans discernement” toutes les infractions. Une méthode improductive, selon un policier qui a participé à ces contrôles et spécialisé dans les infractions routières. “Le problème, c’est qu’en faisant ces vérifications, on est vite repéré et signalé par la rédaction du rodéo. Très vite, on se retrouve avec rien. C’est complètement con”, explique cet agent à franceinfo. Les contrôles se feraient ainsi, selon lui, de banals contrôles routiers, où l’on vérifie cartes de circulation, assurances, permis de conduire… Autre motif de mécontentement : la police doit faire des procès-verbaux sur chaque contrôle et les transmettre immédiatement à sa hiérarchie. Méthode contraire aux usages, les policiers ne font traditionnellement leurs rapports qu’à la fin de leur quart de travail. “On sent que c’est hyper-politique. Ça s’est décidé du jour au lendemain, pour montrer des résultats”, poursuit l’officier. Ces opérations chronophages, qui nécessitent beaucoup de ressources humaines, surprennent également les syndicats. “Toute l’année, la direction nous a demandé de ne pas chasser les rodéos. Maintenant, il y a de la chirurgie toutes les 20 minutes”, glisse une source syndicale. “On fait savoir à tout le monde et à n’importe qui si le vélo se trouve dans des quartiers connus pour être des spots de rodéo”, poursuit ce flic syndical. Est-ce une volonté de « gonfler les chiffres », comme il le redoute ? Interrogée, la préfecture n’a pas répondu à nos questions.