Eugénie Izard avait fait part de ses inquiétudes concernant le cas d’une fillette de 8 ans qu’elle suivait. Les médecins peuvent en effet déroger au secret médical s’ils soupçonnent qu’un enfant est maltraité et le signaler au procureur, qui peut ouvrir une enquête. Seulement dans ce cas, le pédopsychiatre s’est adressé au juge des enfants déjà chargé de la protection de la jeune fille et non au procureur. Le père de l’enfant qui l’accuse de « s’immiscer dans les affaires familiales sans motif professionnel » a engagé une action en justice contre Eugénie Izard devant le conseil de l’ordre des avocats. Son département disciplinaire a imposé une interdiction d’exercice de trois mois.

“C’est le seul moyen de protéger les enfants”

“Les médecins doivent pouvoir signaler les abus tout en étant protégés contre les poursuites. “C’est le seul moyen de protéger les enfants”, a déclaré jeudi Eugénie Izard. Son cas démontre l’insécurité juridique dans laquelle se trouvent les médecins, qui peuvent être poursuivis devant le conseil de classe par le parent soupçonné d’agression. Environ 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, principalement d’inceste, en France chaque année. Sans préjudice du secret médical, sous peine de sanctions disciplinaires, les médecins ne sont à l’origine que de 5 % des signalements de maltraitance d’enfants.