POLITIQUE – Ils sont venus, ils sont tous là. La galaxie verte a répondu à l’appel de Yannick Jadot et à son cri pour l’écologie ce dimanche 27 mars. Le candidat vert à l’élection présidentielle organisait son grand meeting au Zénith de Paris, au nord de la capitale, deux semaines après le premier tour. Un tournant dans cette campagne, selon la promesse des cadres de l’EELB, au moment où leur poulain a collé autour de 5% des intentions de vote dans les urnes. N’a pas d’importance. “On va clarifier les choses tout de suite : ce n’est pas la fin du meeting de campagne, ce n’est même pas le début de la fin de la campagne”, a lancé Julien Bayou pour mobiliser les 4.000 militants présents. dont beaucoup de jeunes chefs. Et rejeter l’idée d’un dernier arrêt. Loin du précédent “forum des possibles”, avec des foules relativement confidentielles, l’après-midi a pris la forme d’un grand rassemblement festif avec des mini concerts et des clips montrant le candidat et ses déboires. Question politique, l’heure était sans doute à la démonstration, en quatre heures, de la “méthode Coué” version EELV.
Le gratin écologique fait le voyage
De nombreux ténors du parti ont en effet pris la parole pour mobiliser des aides, “le plus grand rassemblement vert jamais vu en France”, selon les mots de Delphine Batho, ou pour déclarer leur optimisme quant au résultat du 10 avril. Suffisant pour activer enfin la dynamique qui fait tant défaut et « empêcher les pronostics » selon une formule très en vogue ce dimanche au Zénith ? Rien n’est moins sûr, mais les écologistes ont tout fait pour cela. D’anciens candidats Noël Mamère ou Éva Joly ont fait le déplacement pour donner les clés à la “nouvelle génération”, selon les anciens. Michèle Rivasi, David Cormand ou encore les animateurs de l’après-midi Éric Piolle et Karima Delli étaient également dans la salle… tout comme les maires de Lyon, Strasbourg ou Poitiers (Gregory Doucet, Jeanne Barseghian, Léonore Moncond’huy) à sa droite la tente. Même Sandrine Rousseau, qui avait été exclue de la campagne début mars, était de la partie… quoique silencieuse. Ce n’est pas la fin de la campagne, ce n’est même pas le début de la fin de la campagne.” Julien Bayou, secrétaire national EELV L’occasion pour l’éducation menée par Julien Bayou de montrer sa force et son poids dans le paysage politique français, malgré les sondages en pleine élection présidentielle. Une façon, aussi, est de prendre un exemple dans les sondages précédents, où divers dirigeants d’EELV étaient sous-estimés. “Nous pouvons défier les probabilités. On sait le faire”, a lancé le secrétaire national, entre l’interprétation subtile de la chanteuse Yael Naim et la participation active de Yannick Jadot à un remix de l’Accord du Nouveau Monde nᵒ 9. “On n’aurait jamais dû battre Lyon… On n’était pas loin derrière à Poitiers. “A Strasbourg, c’était soi-disant mathématiquement impossible de gagner”, a-t-il dit, le prenant au sérieux, pour mieux souligner ce sur quoi Yannick Jadot parie depuis plusieurs semaines : le scrutin secret.
L’appel aux jeunes
Une fois sur le podium, les lumières éteintes, le candidat vert – qui avait déjà fait une invasion pour secouer les hanches et taper des mains en entrant dans la scène du rappeur Arsenik – a multiplié les attaques contre ses cibles favorites. Les traditionnels : chasseurs, lobby, énergies fossiles, président de la République. Et plus récemment : Jean-Luc Mélenchon et sa « complaisance » avec Vladimir Poutine ou le patron de TotalEnergie Patrick Pouyanné. Yannick #Jadot s’entretient avec Zénith. Pari réussi pour le candidat : la salle est pleine. Entre 3.500 et 4.000 personnes sur le terrain, selon son équipe de campagne – qui se revendique “le plus grand meeting de l’histoire de l’écologie politique”. @BFMTV pic.twitter.com/J6VZBQiOFC — Marie Gentric (@MarieGentric) 27 mars 2022 But du Zénith atteint pour Jadot pic.twitter.com/qnZBMZ6iKc — Sébastien Tronche (@S_Tronche) 27 mars 2022 Porté par des militants – et une ribambelle de drapeaux verts, tricolores, européens ou ukrainiens -, Yannick Jadot a usé d’un ton offensif pour mener à bien sa stratégie. Son côté « lisse », selon le mot utilisé par ses détracteurs. “J’entends dire que je ne crierais pas assez fort pour être entendu ?”, s’est-il faussement demandé, évoquant les critiques internes qui pèsent sur sa course présidentielle. “Je ne suis pas lui”, répond-il. Lui, dit-il, veut s’occuper “de l’intelligence des femmes et des hommes de ce pays, pas de leur instinct”. Surtout, le candidat vert a consacré une partie entière de son discours à convaincre les jeunes ; Ou il ne l’observe pas comme il l’aurait espéré. “Ils comprennent mieux que d’autres que nous allons à la catastrophe”, a déclaré le candidat EELV, avant de s’adresser directement et longuement aux “jeunes de France”. « Jeunes de France, ne laissez personne décider à votre place. (…) Jeunes de France, plus nous serons forts le 10 avril, plus vous serez forts, plus le climat et la vie seront forts”. Avez-vous reçu des messages ? Vais-je voter pour lui ? Tout dépend du temps qu’il faudra avant le premier tour. Thomas, un autre étudiant indécis Dans le public, la foule se lève, ce que le spectacle a remporté. “On attendait ce grand moment”, confie Estelle, une jeune maman venue en famille avant de quitter la salle pour exprimer ses vœux de fin de campagne joyeuse, positive et qui donne envie d’aller voter. “C’était très bien”, acquiesce Thomas, un étudiant d’une vingtaine d’années, pour son premier meeting politique. “En fait, j’imaginais quelque chose de plus ennuyeux”, ajoute-t-il, visiblement surpris par la chaleur et l’ambiance. “Kanon” enchérit l’un de ses deux amis qui l’accompagne avant de citer l’entrée – “épique” – du candidat au son du Nouveau Monde. Où voter pour Yannick Jadot ? “Honnêtement, tout dépendra du temps qu’il faudra avant le premier tour”, a ajouté le jeune homme, conscient du rapport de force actuel et non inconscient de l’argument de Jean-Luc Mélenchon du vote de gauche utile. Il reste maintenant deux semaines aux écologistes pour se convaincre des avantages du vote vert et créer ainsi un début dynamique. Sinon, le slogan “le J c’est le S”, écrit dans les nouveaux goodies du candidat à l’occasion de ce grand rassemblement – en rapport avec les paroles d’une chanson de Jul – pourrait très bien se transformer en “le J c’est hess” . À lire aussi Le HuffPost : “Elle est très à gauche”, au second tour les partisans de Zemour hésitent à voter Le Pen